decryptcult #05, l’édito de Laurent Gervereau

Bonjour ou bonne nuit !

Bienvenue dans notre émission modulaire regardée de partout et à toute heure !

Vos réactions nous le disent : nous comblons un manque et nous serons heureusement copiés. Alors, merci pour les encouragements venus de loin ou de près : il faudra juste tenir et se prémunir contre les dangers du succès, en gardant une liberté de ton où les invités assument des propos qui peuvent être variés et opposés ou contredisant la position défendue dans l'éditorial.

 

Notre thème du mois : le local-global.

Attention, on s'accroche, car on va tenter de disséminer PLUSIEURS idées, plusieurs pistes de réflexion, au temps où un livre est devenu souvent un article (qu'en plus on n'a pas écrit) et un article un slogan-marketing...

Partons d'une banalité de base : nous vivons à l'ère de l'ubiquité. Nous sommes ici et recevons des images/textes/sons de partout. Il faut donc identifier deux types de perceptions : la perception directe, le directement visible, et la perception indirecte, la perception à distance. Notre nouveau terrain d'action se situe dans une dimension clairement locale-globale.

Partons d'une banalité de base : nous vivons à l'ère de l'ubiquité. Nous sommes ici et recevons des images/textes/sons de partout. Il faut donc identifier deux types de perceptions : la perception directe, le directement visible, et la perception indirecte, la perception à distance. Notre nouveau terrain d'action se situe dans une dimension clairement locale-globale.

Cela nécessite donc d'abord de reprendre en mains notre action locale, ce sur quoi nous avons une vision directe, ce qu'il y a autour de nous. Il faut retourner au local, revivifier la démocratie de proximité, faire des micro-référendums, permettre aux individus de peser sur leurs modes de vie et de les choisir. De les choisir dans ce que j'ai appelé un choix rétrofuturo, c'est-à-dire en décidant de garder certaines traditions et en innovant. Un choix évolutif aussi, un choix qui n'est pas figé, un choix pluraliste, qui autorise des comportements variés et leur changement, un choix donc "plurofuturo". 

Ces choix locaux, éclairés, basés sur la défense des savoirs à tout âge, conduisent à des comportements, non pas d'isolement, mais d'actions fédérées en réseaux horizontaux et avec une stratification verticale : locale-régionale-nationale-continentale-planétaire. Nos dirigeants, souvent dépassés, devraient en prendre conscience et affirmer cette stratification. Ils sont décrédibilisé parce qu'ils tiennent des discours déconnectés des nouvelles réalités, des discours donc non-lucides.

Alors, dans ce paysage stratifié et avec une planète multipolaire aux identités imbriquées des individus, aux visions du monde relatives, au nomadisme physique et mental, sur quoi refonder des buts communs de bas en haut, partout ? Un fait impossible à occulter : la solidarité est indispensable au temps des périls transfrontaliers et transcontinentaux. Il s'agit aussi bien des pollutions de l'air, de l'eau ou de la terre que des catastrophes, des guerres, des dérèglements financiers ou climatiques, de la destruction des cultures par la marchandisation uniforme. Cela nécessite donc de poursuivre des objectifs prospectifs de survie commune : justice sociale, durabilité environnementale, défense de la biodiversité et de la culturodiversité. 

Il faut ainsi se placer sur un plan à la fois social, environnemental, évolutionniste, avec une éthique de la pluralité ("plurofuturo"). Ne nous leurrons pas, il y aura des réactions violentes aussi bien au nom de l'argent concentré que pour défendre des communautés aux ordres et comportements figés, sans choix, souvent prosélytes (les "monoretros"). Il est possible d'ailleurs que nous assistions à la constitution d'îlots autarciques.L'enjeu sera d'imposer des règles d'une éthique minimale commune. 

De toute façon, notre nouveau vertige contemporain, c'est bien l'une ou l'un face à la multitude. Le local-global devient ainsi la seule échelle d'action avec un nécessaire fédéralisme stratifié. Tirons-en les conséquences. Nous appartenons à une France-Monde qui doit continuer à porter des messages universalistes et prospectifs, contre la France rabougrie des tenants irréalistes d'un projet de fermeture au nom d'un passé idéalisé, contre les ringards d'un modèle de productivisme à bout de souffle obsédés de leurs intérêts circonstanciels, contre les criminels pollueurs qui tuent des populations sans vergogne avec une mentalité cynique : "après moi, le Déluge". 

J'avais lancé pour 2013 le thème de la "générosité". Maintenant, en ce début d'année, construisons résolument des projets innovants dans notre France-Monde et plaçons 2014 sous le signe espéré du "nouveau départ", de la "Renaissance".

Laurent Gervereau
Pour aller plus loin, deux livres : Le Local-global. Changer soi pour changer la planète et Tu es plurofuturo ? (voir sur www.gervereau.com)